118 etc
L'ouverture à la concurrence du marché des renseignements téléphoniques en France, avec la suppression du 12 et son remplacement par une série de numéros concurrents commençant tous par 118, a donné lieu à une bataille de spots publicitaires télévisés. Nous avons suivi l'engagement entre les différents concurrents avec intérêt.
Comment se positionneront les divers services d'ici quelques mois? ? La communication de ces dernières semaines sera-t-elle déterminante ? Ou bien la magie du numéro opèrera-t-elle : numéro tout rond, le 000, suite logique, le 218, service secret de sa majesté, le 007 ?
La réponse dépend bien sûr de ce que feront les gens quand ils devront composer le fameux numéro commençant par 118 : quel suite auront-ils retenue? Que taperont-ils sur leur clavier?
Les Pages Jaunes sont à priori mal placées avec un 008 qui ne veut rien dire de même que le 712. Mais ils ont misé l'un et l'autre sur un véritable matraquage de messages publicitaires faisant appel à l'imagination et à l'humour, avec chacun sa variante sur le thème de la « vieille dame indigne ». Cela payera-t-il?
Le 007, à l'inverse, s'est contenté d'un spot bref, avec un petit nombre de passages à l'antenne, tardif qui plus est. Mais ils ont misé sur le clin d'oeil de l'effet « James Bond » de façon cependant un peu trop discrète, c'est à dire allusive. Sans doute aurait-il fallu, pour miser sans complexes sur l'agent 007, payer des droits exorbitants aux propriétaires du label. Mais dommage, ils sont passés à côté de l'astuce consistant à épeler le nombre d'une façon bien particulière, non pas « zéro zéro sept » mais « double zéro sept », ce qui aurait certainement frappé l'imagination et stimulé la mémoire des téléspectateurs.
Le 118 000 a de son côté porté la plus grande attention à la façon d'épeler et donc à la mémoire auditive. Après une vague massive de pubs chantant « j'appelle le cent-dix huit mille » sur l'air des binious, ils sont passés à « cent dix huit zéro zéro zéro », version plus mnémotechnique, évitant ce nombre « mille » qui se dit mais ne se tape pas. Dans le même temps, ils ont corrigé l'impression régionaliste initiale en passant de la Bretagne à Toulouse.
Le 118 000 a simultanément fait appel à la mémoire visuelle -jeu sur le graphisme- en dessinant un amusant petit bonhomme avec les uns, les huits et les trois zéros. Le 118 218 a pour sa part mis en valeur le fait qu'il se compose d'un 12 (comme le service traditionnel des renseignements) enchassé dans deux 18. Mais les gens ne craindront-ils pas de se tromper en appelant ce service et de déranger, par erreur, la caserne de pompiers?