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2/22/2007

François Bayrou : probablement le futur Président

La campagne de l'élection présidentielle de 2007 ouvre un vaste domaine de réflexion en ce qui concerne la critique des médias. Non seulement la presse, écrite et autre, les messages de propagande sous leurs différentes formes, les sondages, mais aussi les personnalités et les programmes peuvent être étudiés sous un angle critique, quels que soient par ailleurs nos opinions politiques, nos choix en tant que citoyens.

Il ne s'agit pas de prétendre à une illusoire « objectivité » qui n'est souvent rien de plus que le cache-sexe d'une propagande d'autant plus insidieuse qu'elle ne se montre pas. Ni à l'apolitisme qui est en soit une prise de parti. Mais à une lecture aussi distanciée que possible sachant bien qu'autant celui qui écrit que celui qui lit a ses propres positions. Mais pourquoi être citoyen devrait-il empêcher d'être intelligent? Pourquoi faire des choix serait-il contradictoire avec la tentative de savoir et comprendre ce qui nous est dit?

Une bonne lecture, une lecture efficace des messages qui nous sont présentés dans les médias à l'occasion de la campagne de l'élection présidentielle peut aider à anticiper et à prévoir les évolutions possibles.

C'est ainsi que j'ai pu annoncer depuis des mois, comme prévision d'une évolution que j'estimais probable, arguments concrets à l'appui, que François Bayrou ferait bientôt des scores à deux chiffres dans les sondages et deviendrait ensuite « le troisième homme » dans cette campagne.
De la même façon, à la question qui sera le prochain Président, je répondrai aujourd'hui : « François Bayrou probablement ». Voici pourquoi.

Le duo de tête, selon tous les grands Instituts de sondage d'opinion, est et reste depuis 2006 Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Dans le même temps, une majorité de Français voient très bien François Bayrou comme futur Président (ma « prédiction » n'a donc, en fait, rien de très original...)

Les électeurs veulent du changement. Comment dans ces conditions imaginer qu'ils puissent persister dans l'attitude que résume la formule « on prend les mêmes et on recommence » ? En même temps, les gens redoutent une destabilisation qui, en des temps difficiles, pourrait mettre en cause le trop peu qui constitue leurs maigres acquis : travail, logement, pour ceux qui en ont, voiture et vacances pour une partie non négligeable d'entre eux, malgré tout. L'attitude du corps électoral est à la fois « conservatrice » et « révolutionnaire » : tant pis si ces deux termes se contredisent, ils sont l'anode et la cathode, le plus et le moins de l'opinion majoritaire.

François Bayrou se fût-il avant tout affirmé comme « centriste » classique, ni révolutionnaire ni conservateur donc, qu'il se fût aliéné son potentiel électoral. Au contraire, attitude particulièrement intelligente, François Bayrou se déclare à la fois révolutionnaire et conservateur. D'extrème-centre! Au « ni droite, ni gauche », slogan souvent scandé par les fascistes, François Bayrou oppose son : « à la fois la droite et la gauche » qu'il appelle à gouverner ensemble.

Il est probable que François Bayrou soit notre prochain Président. Mais probable ne veut pas dire certain. Plusieurs étapes restent à franchir. Et quelques difficultés de fond restent à résoudre.

Un premier obstacle est Jean-Marie Le Pen, pour l'instant distancé, mais que les dirigeants des deux camps dominants préféreraient devoir affronter au second tour pour avoir la victoire assurée comme en 2002. Pour y parvenir tous les coups sont permis, semble-t-il. Et certains organes d'information « objectifs » jouent un jeu dangereux et pernicieux. Pourquoi Le Pen plutôt que Bayrou? Bayrou au second tour est assuré de la victoire à condition de pouvoir faire bloc avec le « grand perdant » qu'il soit de droite ou de gauche. Cela peut s'avérer difficile au niveau des Etats-majors mais les électeurs feront rapidement leur choix.

Autre obstacle : le passage de la position de « troisème homme » à celle de second. Cela nécessite de poursuivre un parcours « sans faute » pour l'instant bien engagé.

Au-delà de ces obstacles qui ne sont pas insurmontables, les vrais problèmes demeurent. Le moindre, mais il n'est pas négligeable, est celui de la future majorité à l'assemblée. Hervé Morin, député UDF de l'Eure, un des meilleurs lieutenants de François Bayrou, répondait à une question à ce sujet jeudi matin aux « matinales » à la télévision. Réponse réaliste et pouvant convaincre : en substance, nous n'avons pas envie de faire comme l'UMP ou le PS, c'est à dire truster tous les postes éligibles et imposer la loi du parti majoritaire, nous voulons gouverner en tenant compte des avis divers de droite, du centre et de gauche... Pas mal. Mais il est possible d'objecter à cela que le « régime des partis » peut provoquer l'instabilité permanente. François Bayrou suit certainement avec quelque inquiétude l'évolution de la crise politique en Italie où son ami de centre gauche Romano Prodi est aujourd'hui en difficulté, faute de disposer d'un parti majoritaire stable pour le soutenir.

Plus grave est la question soulevée récemment par le gaulliste Dupont-Aignan dans l'hebdomadaire Marianne. Celui-ci se déclare cent pour cent d'accord avec F. Bayrou sur tous les sujets...sauf un : l'Europe! Et, dit-il, comment les électeurs qui ont majoritairement dit « NON » au référendum de 2005 pourraient-ils se déjuger en élisant à l'Elysée celui que Prodi désigne comme « le plus Européen des Français » ?

Pour ne pas compromettre sa probable victoire, mieux, pour l'assurer, François Bayrou est dans la quasi-obligation de transformer cet « avantage » européen (qui est en même temps son talon d'Achille) en un atout gagnant. Il faudrait qu'il puisse rejeter à la fois le souverainisme isolationniste qui est une impasse totale en soit, et la construction européenne telle qu'elle est. L'Union Européenne n'est ni démocratique dans son fonctionnement, ni sociale dans ses choix. Elle ne satisfait pas pleinement les hautes sphères économiques qui savent pourtant en tirer tout le profit possible mais sans aucun civisme et aucune discipline. Elle ne satisfait pas les classes populaires qui voient pourtant dans l'Europe une ouverture et un progrès possible, à condition de « revoir totalement la copie ».

François Bayrou sera probablement le prochain Président mais il faudrait pour cela qu'il devienne le champion proclamé d'une véritable « Révolution » au niveau européen. Est-ce possible?